Désœuvres” se déploie telle une couche superposée dans un réseau où la préparation des rencontres entre l'incommunicable, serait la force motrice. Elle se construit sur une multiplicité de couches indiscernables où chaque événement, qu'il soit prévu ou fortuit, se dissout dans la superposition. Éloignée de toute volonté de contrôle absolu, elle s’installe dans un espace où précarité, inexactitude et indiscernabilité deviennent des forces créatrices.

L'IA, collaboratrice impersonnelle, participe à cette dé-subjectivisation, non pas pour sa précision, mais pour ses approximations, inscrites dans l'essence même de son existence.

1. Désœuvrement: Un espace de potentialité pure

*« bien fait ≡ mal fait ≡ pas Fait » Le Principe d'Équivalence  de Robert Filliou*

Non pas l’absence d’œuvre, mais l’œuvre en retrait, suspendue, jamais accomplie, toujours en devenir. Le désœuvrement dépasse l'absence de production pour incarner un refus actif de la finalité, un espace de potentialité où l'œuvre reste inachevée, jamais figée. Cet espace maintient l'art dans un état d'ouverture perpétuelle, où chaque possibilité demeure en suspens. Ici, l’œuvre se déroule dans une temporalité décalée, où le présent n’est qu’un fragment du possible, un instant suspendu entre l’avant et l’après, entre l’acte et l’attente.

Le désœuvrement devient ainsi une méthode, une stratégie de déconditionnement, où l’œuvre ne se fixe pas, mais se laisse conduire par des forces qui échappent à toute intentionnalité. Il rompt avec la logique de production et s’ouvre à la vie, en se faisant pratique de suspension, refus de la finalité et décentrement de la création.

Pousser la signification à son point de rupture, en la gonflant jusqu’à l’excès, où elle se décompose et se désœuvre, où la surcharge du sens le rend inopérant. Insister sur l’acte de signifier jusqu’à ce que l’intensité même de ce geste neutralise la signification, la forçant à se dissoudre dans ses propres fonctions. Une intensité engendrée par les proliférations, passant du quantitatif au qualitatif.

2. Superposition : habiter l’interstice

La superposition n’est pas une simple addition, mais une dynamique de déstabilisation de l’unité, un moyen d’habiter l’interstice entre les concepts, entre les états. Elle incarne l’indiscernabilité des couches, où chaque élément modifie les autres, où chaque interaction crée un nouvel agencement, un espace de rencontre. Dans cet espace, la référence n’est pas un point fixe, mais un mouvement de dédoublement perpétuel, une multiplication infinie des sensation.

Chaque geste, chaque interaction devient une référence en soi, un point de départ pour un nouvel enchaînement de significations. Cette prolifération de sens transforme chaque rencontre en un espace de réinvention, où rien n’est figé, où tout est en devenir. L’expression « tantôt, tantôt » illustre cette oscillation constante — tantôt temporelle, tantôt spatiale, tantôt l’une, tantôt l’autre — déstabilisant toute notion d’unicité, de centre, de hiérarchie.

Dans ce processus, l’œuvre n’est plus une entité isolée, mais une série de couches, d’instants, de fragments qui se chevauchent, se pénètrent et se redéfinissent sans cesse. La création ne se cristallise jamais en un produit fini ; elle est une interférence de temporalités, une collision de spatialités, où chaque élément appelle un autre, où chaque instant s’ouvre à une multitude de possibles. L’art se libère ainsi du fardeau de l’unité.

3. L’Acte de Référence : L’écho Infini

L’acte de référence se dédouble, se multiplie et se fragmente dans un mouvement perpétuel. Il ne s’agit pas ici d’un point fixe ou d’un lieu de stabilité, mais d’un espace en mouvement, où chaque référence n’est qu’un départ vers une autre, où chaque geste se prolonge en une série infinie de dédoublements.

L’acte de référence n’est pas un point fixe de renvoi, mais un appel vers le « entre deux », vers le dehors, vers le « ouvert ».

Autrement dit, la référence n’est jamais l’objet lui-même, mais toujours l’acte de référer, un geste qui ne cesse de se répéter, de se différencier, de potentialiser des déserts inaugurales .